(and I wonder how to move on)

▹ JUST AN OLD SWEET SONG

tic. tac.
une heure du matin.
les yeux qui s'ouvrent en grand, sursaut dans la nuit noir. tu te redresses d'un coup, les doigts plantés dans les draps. t'as le pouls qui file vite. locomotive qui fume. t'as le souffle qui se fait difficile. tu suffoques. tu manques d'oxygène. où est l'air ? pression intérieur. tes pupilles rondes observent l'autour à la recherche d'un démon du passé. mais y a rien. pas même le bruit d'une mouche, ni la lumière d'un lampadaire. il n'existe que le silence. et toi qui tente de respirer, de trouver comment arrêter ta peur panique. équilibre précaire. cette peur, cette douleur, qui subsiste. encore. toujours. à jamais. incapable de passer outre. tu te recouches. regard fixe sur le plafond alors que dans tes oreilles résonnent encore le bruit de ses cris, juste avant la mort. quelques murmures pour toi-même. quelques doses pour t'apaiser sans jamais oublier. comment tu pourrais quand bien même tes cauchemars se font moins dense avec le temps. elle reste toujours là. l'ombre de son souvenir. sa présence toxique, malfaisante. avec ses yeux dont t'es tombé amoureux. quelques souffles pour calmer la crise. elle passe. lentement. inexorablement. tu refermes les yeux. toujours là mais plus discrète. comme à chaque angoisse, tu imagines le monde. celui que t'as traversé de part en part. et là aussi, inexorablement, c'est morphée qui t'accueille. pour un sommeil agité.

en vrac.

1. t'aimes pas qu'on te touche. t'as toujours un mouvement de recul quand on tente. 2. t'es superstitieux, comme ta famille. ou plutôt, comme les souvenirs que t'en as. 3. tu ne possèdes rien (sauf ta becane). tout ce qui est à toi, tu l'as sur toi. à dire vrai, tu vis de peu. même si survivre serait plus juste. 4. t'es pas bavard. tu préfères écouter. 5. tu dors seul. tout le temps. t'aimes pas les compagnies d'une nuit. et encore moins dormir avec quelqu'un dans un même lit. 6. la famille. impossible d'en parler. c'est tabou. le résumé reste toujours coincé, là, juste au fond de ta gorge. une mère, morte en donnant naissance à ton frère. absence qui te fait toujours mal, malgré les années. un père, qui s'en est jamais remis. devenu alcoolique sous le joug de sa deuxième. vie de merde que t'as fui pour aller monter à cheval et lancer des couteaux. vie que t'as fui dès qu'a sonné ta dix-septième année. c'était trop dur de vivre avec eux. 7. le cirque, deuxième et unique famille, en somme.